«L’audit Paid Content constitue une preuve crédible de performance»
Depuis cette année, la REMP propose d’auditer les offres Paid Content des médias. Certains éditeurs, comme le Freiburger Nachrichten, ont donc saisi cette opportunité pour faire auditer leur offre entièrement numérique pour la première fois. Bruno Zürcher, CMO de Freiburger Nachrichten SA, s’est entretenu avec Roland Achermann, Director of Media Audits de la REMP, sur l’importance des canaux médiatiques numériques.
Bonjour Bruno Zürcher. Le Freiburger Nachrichten a été l’un des premiers médias à faire auditer l’accès à ses contenus payants par la REMP. Pourquoi était-il important pour vous de réaliser cet audit?
Au moment de cette décision, nous entreprenions un projet numérique de grande envergure, au cours duquel nous avons procédé à une refonte complète de notre site Web et notre application afin de nous adresser à des groupes cibles entièrement numériques. Il était donc important pour nous de pouvoir réaliser une projection officielle de l’évolution future du domaine du Paid Content et de la communiquer au public.
Quels ont donc été les premiers résultats de l’audit de Paid Content qui a été réalisé cette année?
Nous avons démarré l’audit sur la base de notre ancienne plateforme, alors que la nouvelle plateforme a été lancée après l’audit. Par conséquent, les chiffres sont encore peu importants. Ces dernières années, nous avons concentré en priorité notre offre numérique sur les Replicas, c’est-à-dire les abonnements numériques E-Paper. Nous nous préoccupons de l’évolution future des accès Paid Content, et c’est pourquoi nous avons voulu participer à cet audit dès le début.
En procédant à un comptage et une vérification uniformisés des accès payants, la REMP a permis d’établir de nouveaux critères de référence. Comment comptez-vous les exploiter?
Nous saluons l’émergence de critères de comparaisons communs et pertinents dans le domaine de l’information entièrement numérique et payante. D’une part, il s’agit d’une preuve crédible de performance sur le marché publicitaire local, et d’autre part, nous espérons que d’autres éditeurs se joindront à nous pour que nous puissions encore mieux mettre en perspective notre propre évolution les uns par rapport aux autres. Enfin, nous pourrons également mettre à profit ces chiffres de manière ciblée face à d’autres parties prenantes, que ce soit lors d’une assemblée des actionnaires ou lors de discussions avec les autorités sur la promotion des médias.
Quelles stratégies prévoyez-vous donc pour continuer à augmenter le nombre d’accès payants à l’avenir?
Nous continuons d’investir dans notre nouvelle présence numérique et appliquons une politique stricte en matière de paywall. Toute personne souhaitant utiliser des contenus produits ou traités par notre rédaction doit disposer d’un accès payant sous la forme d’un abonnement ou d’un pass journalier. Jusqu’à récemment, Radio Fribourg gérait une plateforme d’actualités gratuite en langue allemande qui entrait en concurrence avec notre offre d’actualités soumise à un abonnement. L’offre de la radio, principalement financée par la publicité, n’a pas rencontré un succès économique suffisant, même après plusieurs années.
La radio a-t-elle donc arrêté sa plateforme?
Non. Après de courtes et intensives négociations, nous avons décidé de lancer, en collaboration avec la radio locale, une nouvelle plateforme d’information centralisée pour le Fribourg allemand, et dont la majorité des informations qui y sont diffusées sont payantes. La nouvelle application et le nouveau site Internet ont été mis en ligne le 17 septembre dernier sous la nouvelle marque «wir Freiburg.». Seuls les contenus radio et les offres de services tels que la liste des lieux des marchés et l’agenda des événements restent gratuits sur «wir Freiburg.». Aujourd’hui, nous sensibilisons ensemble la région au fait que les actualités au format numérique ne peuvent pas être gratuites dans les espaces géographiquement restreints, et nous mettons en évidence le rôle que joue le journalisme local dans le fonctionnement d’une région, que ce soit auprès des associations, des entreprises, des opérateurs culturels, des politiques ou des autorités.
Quels ont été les retours de vos utilisateurs et utilisatrices concernant votre nouvelle plateforme et la stratégie de Paid Content?
Jusqu’à présent, nous avons reçu de très bons retours sur la nouvelle plateforme et l’application. Certaines applications spécifiques ont fait l’objet de critiques. Nous les acceptons volontiers, les considérons comme relevant du marketing et de la gestion des produits, et décidons en conséquence si nous devons développer une fonctionnalité et la forme qu’elle doit prendre. En fin de compte, il est évident que le secteur du Paid Content ne pourra se développer durablement que si notre offre numérique apporte une valeur ajoutée à nos utilisateurs au quotidien.
Selon vous, les offres numériques des médias continueront-elles à gagner en dynamisme grâce à cet audit de la REMP?
De nombreux éditeurs investissent déjà depuis longtemps dans le développement numérique, et certains présentent déjà une nette progression. Je pense qu’il y a consensus sur le fait qu’à l’avenir, les médias communiqueront majoritairement à l’aide des canaux numériques. Toutefois, c’est justement en Suisse, où l’on retrouve de nombreuses offres locales, qu’un audit peut aider à mettre en perspective l’évolution de cette tendance dans les régions et à la communiquer de manière crédible au public. L’audit ne sera vraiment utile que lorsqu’il sera accepté par l’ensemble du secteur et que de nombreux éditeurs y prendront part. La charge de travail et les coûts y afférents présentent en tout cas un niveau gérable.
Quel avenir projetez-vous pour les médias en ligne payants?
Comme je l’ai dit, je suis convaincu qu’à l’avenir, l’actualité sera diffusée encore plus largement par le biais des canaux numériques, et ce quel que soit le segment d’audience. Je crois aussi fermement que les gens souhaitent être informés sur le long terme de ce qui se passe au niveau local et régional. Seule une rédaction locale est capable de fournir ces actualités locales sous une forme structurée et crédible. Maintenant, nous devons convaincre les médias que le journalisme numérique a un prix, tout comme la presse écrite, dont le bien-fondé du prix ne fait d’ailleurs l’objet d’aucun débat. Les métiers du journalisme restent inchangés, mais les outils que nous utilisons aujourd’hui sont différents. Le travail à accomplir pour notre offre numérique est plus important, car nous utilisons différents canaux et formats alimentés 24h/24 et 7j/7 et devons constamment investir dans de nouvelles technologies. Je crois donc au modèle Paid Content, même pour les médias locaux. Toutefois, il reste encore beaucoup de sensibilisation à accomplir, et nous devons également fournir sur les marchés locaux des produits performants proposant une réelle valeur ajoutée.
Merci beaucoup de toutes ces passionnantes explications.
Qui est Bruno Zürcher?
Bruno Zürcher est manager marketing diplômé ES et dispose d'un Executive MBA en marketing management de l'Université de Berne. Il travaille depuis sept ans aux Freiburger Nachrichten AG, où il est responsable du marketing et des ventes et membre de la direction. Avec ses équipes, il assume la responsabilité du marché des utilisateurs et du marché publicitaire de la maison d'édition.